À deux pas de chez toi

L'avis de Froggy

Des romans que je souhaite découvrir, il y en a des tonnes. Ma wishlist déborde de ces romans qui me font trop envie, qui me titillent. Mais quelle agréable surprise j’ai eu lorsque j’ai remarqué que le roman que je devais chroniquer dans le cadre de mon partenariat avec Livraddict était une réédition d’un roman que je souhaitais découvrir depuis sa sortie il y a quelques années. On s’entend pour dire que lorsque ta wishlist dépasse les 2200 titres, il est difficile de se souvenir de tous.  Bref, c’est avec joie que je me suis lancée dans la lecture de ce roman.

Anaïs fait partie de ces héroïnes que l’on aime et qui inspirent. Forte de caractère, elle ne s’en laisse pas imposer par personne et sait très bien comment atteindre ses objectifs. Le seul moment où elle flanche et qu’elle se laisse manipuler c’est lorsque Prince, son chat, est dans les parages. Il sait très bien comment se faire obéir au doigt et à l’œil par Anaïs. Jusqu’à maintenant, elle partageait sa vie avec Prince et un couple d’amis gay avec qui elle travaille. Mais l’arrivée de Ludovic, son voisin mystérieux viendra brouiller les cartes et lui fera perdre par la même occasion son aplomb et son assurance. Il faut dire qu’il est difficile de se faire prendre au sérieux lorsqu’on se présente chez son voisin en petite culotte et chemise avec les seins à l’air.
 
Rapidement, on voit que nos deux personnages partagent une attirance plus que physique Il y a entre eux cette magie qui fait pétiller les yeux. Cette lueur qui change bien des choses et qui par le fait même vient compliquer un peu les relations. L’auteure a su titiller notre intérêt avec cette histoire plutôt mystérieuse. Chacun de nos protagonistes cache un passé lourd. On sent que chacun a vécu une histoire difficile qui a laissé de terribles crevasses dans son cœur. Chacun devra s’ouvrir à l’autre s’ils veulent réussir à bâtir quelque chose entre eux.
 
Le rythme est parfait. Il laisse place à l’imagination du lecteur tout en dévoilant des informations au compte-gouttes. La narration à deux voix, dont celle de Prince (le chat), permet à ce roman d’être unique en son genre. La plume est agréable et douce à la fois. L’auteure a su nous proposer des personnages torturés mais avec un côté tendre et attachant. L’histoire de base ressemble à bien d’autres romans, mais les personnages et la narration font de ce dernier un roman unique et addictif.
 
Une romance contemporaine que je ne peux que vous recommander. C’est certain que vous passerez un merveilleux moment avec Anaïs, Prince et Ludovic.

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 Extrait :
[...] C’est avec cette résolution qu’Anaïs sortit de son loft pour accéder au couloir donnant sur toutes les habitations de l’ancienne usine. Elle frappa du poing sur la porte blindée grise à gauche de la sienne et identique à celles des autres voisins. La perceuse s’arrêta et elle entendit :   
— J’arrive !
Il avait une voix un peu rauque, pas désagréable, mais avec le type de tessiture qui faisait fatalement penser au grand méchant loup voulant séduire le chaperon rouge. Une bête féroce qui allait couiner quand Anaïs en aurait fini avec lui. Enfin, si l’homme qui venait de lui ouvrir était capable d’émettre ce genre de petit son. Anaïs était bien obligée de l’admettre, il était beau en tee-shirt sombre plein de peinture et de trous ainsi qu’en jean dans le même état. Un peu trop pour elle. Elle rappela alors qu’à chaque fois qu’elle le voyait, elle résistait au besoin de se coller à lui et de chercher le confort de ses bras. Elle était seule depuis trop longtemps, c’était une constatation presque dérangeante qui ne calmait pas sa colère, au contraire. Qu’il ait cet ascendant-là sur elle l’agaça un peu plus, lui donnant des envies de mordre le malotru. Le sourire qui illumina les yeux bleus du Grand Méchant Loup et qui eut pour effet d’adoucir l’angle de sa mâchoire peut-être un peu trop carrée la désarçonna tout de même assez pour qu’elle ne lui saute pas à la gorge dans l’instant. Elle aurait sans doute eu la tentation de l’embrasser à la place.
— Euh… Bonsoir Anaïs, je peux vous aider ? demanda-t-il en se retenant visiblement de rire.
Est-ce qu’il se moquait d’elle ? Il allait le regretter, et pas plus tard que dans la seconde. La blonde attaqua sans remords :
— J’ai eu une journée fatigante Ludovic, est-ce que je pourrais au moins me reposer chez moi sans bruit de perceuse ? Et pour mon horloge cassée, grâce à vous en tombant, je vous adresse une facture ?
Et là, le rire de l’homme éclata dans le couloir, résonnant contre les murs, la laissant assez surprise. Pourquoi réagissait-il comme ça ? Il se fichait vraiment d’elle ? Ludovic reprit son souffle et essuya ses yeux où des larmes avaient perlées.
— Oui, vous avez dû avoir une journée très fatigante, ajouta-t-il en lui indiquant sa poitrine.
Elle allait le gifler quand un éclair de lucidité la traversa. Anaïs baissa le regard sur sa chemise ouverte quasi jusqu’au nombril. Comment avait-elle pu sortir comme ça ? Elle était à moitié nue devant cet homme un peu trop beau pour qu’elle y soit totalement indifférente ! Le cœur de la jeune femme battait douloureusement à cause du choc. Elle avait tellement honte… Et cette façon qu’elle avait eu de l’agresser sans dire bonjour !  Précipitamment, elle ramena les pans de son vêtement pour cacher ses seins presque exposés sans pudeur. Elle était totalement ridicule ! Jamais elle n’arriverait à s’en remettre, surtout si Ludovic continuait à la fixer avec amusement. Elle aurait voulu se terrer dans un trou de souris. Le plus petit qui existe si possible.
— Excusez-moi… souffla-t-elle en se sentant rougir et perdre ses moyens.    Et, en plus, c’était elle qui était gênée et qui s’excusait pour finir ! Elle baissa les yeux comme une gamine prise en faute et se recula avec une seule envie, celle de fuir jusqu’à chez elle et de ne plus jamais en sortir. Elle n’aurait jamais dû agir sous le coup de la colère. Si jamais cela venait à s’apprendre dans la copropriété, elle n’oserait plus apparaître dans le couloir.
— Ce n’est pas grave Anaïs. Je vais faire attention, désolé du dérangement…
Il n’eut pas le temps de poursuivre plus loin sa phrase que sa voisine s’engouffrait chez elle en claquant la porte bruyamment. Elle se cacha le visage avec les mains, jamais elle ne se remettrait d’une scène pareille. Elle avait dû passer pour une folle ! Au mieux ! Anaïs songea à Ludovic qui devait bien se moquer d’elle dans son loft. Elle ne pourrait plus jamais le regarder en face sans avoir honte. Et si elle avait eu des espoirs d’un jour le séduire, elle pouvait faire une croix dessus.

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