Suite à la lecture de son premier roman qui nous a amené à discuter de ce dernier ensemble, j'ai proposé à Bruno de faire une entrevue dans le courant de l'année 2012... Quelle belle surprise ai-je eu lorsqu'il me contacte à la fin 2012 afin de me présenter son tout dernier roman, Le jardin des rêves ! J'ai donc reçu en SP son dernier roman et dédicacé en plus !!! :-) Nous décidons donc de faire cette entrevue en début d'année 2013. Voici donc le contre-rendu de cet échange entre chroniqueuse et auteur ! Et encore une fois, vous y retrouverez beaucoup de questions et de réponses par le fait même ;-) ... J'espère que le tout ne vous découragera pas trop !!! Bruno Massé - Auteur Froggy : Salut Bruno ! Premièrement, merci à toi d’avoir accepté de faire cette entrevue pour Frogzine. Bruno : Ça me fait plaisir. Merci à toi! Curieux de connaître ce que Bruno m'a répondu ? Cliquez sur Read More pour découvrir la suite... Froggy : Comme tu le dis si bien sur ton site internet, ton existence a débuté en 1982 dans un petit village de notre chère Laurentide. Qu’est-ce qui t’a poussé à quitter ce beau coin de chez-nous (Québec) pour aller t’échouer sur les plages polluées de Montréal (pour ne citer que tes propres mots)? Bruno : J'ai grandit à Sainte-Adèle. Quand l’auberge familiale a fait faillite, je me suis retrouvé, à 14 ans, dans le vacuum grisâtre qu'est Laval. À 16 ans je partais seul à Québec. Puis j'ai traîné des aventures aux quatre coins de la province, puis six mois en Irlande, pour atterrir, comme tant d'autres, dans la merveilleuse et abominable Montréal - la nécropole, où personne ne veut vraiment habiter. Dix ans plus tard je suis encore ici, et j'aime les gens, la contre-culture, et le fait qu'il est plus facile d'être différent ici que nulle part ailleurs au Canada... mais je m'ennuie des étoiles, des montagnes, de la vie sauvage. Bref, c’est temporaire! Froggy : Lors de ma première visite sur ton site au fin 2011, j’ai remarqué que tu es une personne très engagé envers la société, mais principalement l’environnement. Ton bagage professionnel en tant qu’ancien technologue forestier et activiste ton permis d’écrire un mémoire qui est maintenant reconnu comme étant une référence dans le domaine. Est-ce ton premier ouvrage publié ? Peux-tu expliquer brièvement cet ouvrage aux blogueurs de Frogzine? Bruno : Dur pour un auteur de faire une histoire courte! J’ai commencé à être impliqué dans les causes sociales et environnementales à 19 ans, contre le Sommet des Amériques de Québec 2001. Je me suis impliqué dans différents collectifs et me suis lancé à fond pendant des années. Je luttais surtout contre l'industrie forestière, les coupes à blanc. J'étais bien placé parce qu'en tant que technologue forestier, je connaissais le système de l'intérieur et j'avais été témoin de la destruction des écosystèmes. En parallèle, j'étudiais en géographie et j'essayais de lier ces intérêts dans mes recherches académiques. Froggy : Bruno, si je peux me permettre, comme la nature humaine t’intéresse, peut-on te qualifier d’un auteur qui aime provoquer et créer une certaine controverse? Et j’entends ici par provoquer et controverse, de faire bouger les choses, amener le gens à se questionner et à raisonner selon différents sujets sociaux. Bruno : Oui! J’affectionne le chaos vivant, le partage d’idées, la liberté collective. Mais avant de vouloir passer quelque message que ce soit, ce qui compte pour moi c’est de stimuler la réflexion critique. Si j’ai réussi ça, je suis content. Et tant mieux si les gens ne sont pas d’accord. Disons que ça me tue comment la population se complait dans les grands discours pré-mâchés, l’ignorance des conservateurs, les médias de masse, les préjugés… En 2013, c’est tentant de fermer les yeux et rester ignorants-es, mais cette ignorance a un coût - social, environnemental, psychologique – absolument catastrophique. Froggy : Je t’ai découvert avec ton roman érotique Valacchia (publié au début 2012), qui rendait hommage aux films des années 1930 ainsi qu’aux classiques de notre cher Bram Stoker. Qu’est-ce qui t’a amené à écrire un roman érotique plutôt sombre, où les humains et les créatures de la nuit s’entrecroisent? Car il ne faut pas se cacher, c’est plutôt différent de tes autres ouvrages littéraires, non ? Bruno : Ah, c’est une drôle d’histoire. En fait, je n’avais jamais pensé écrire de la littérature érotique. Jusque là j’écrivais des romans politiques, très denses. Une bonne amie m’a mise au défi, comme ça. À peine six semaines plus tard j’avais terminé le premier jet de Valacchia, et j’y ai découvert une merveilleuse façon d’explorer la nature humaine, de façon certes plus légère mais tout aussi prenante. Étant fan de Marie Gray pour son style d’écriture, mais aussi pour sa démarche, j’étais doublement enchanté lorsque Guy Saint-Jean Éditeur a décidé de me publier. J’ai rencontré cette équipe incroyable et on s’est lancé dans cette aventure… qui s’est transformée en série! Froggy : Vendredi le 8 février dernier, ce fut le lancement de ton tout dernier roman, soit Le jardin des rêves publié chez Guy Saint-Jean Éditeurs. Si je ne me trompe pas, c’est ton second roman érotique. Sans être la suite de Valacchia, tu nous promets tout de même des clins d’œil à ce premier opus érotique. À l’opposé de Valacchia qui était plutôt en lien avec les récits de Bram Stoker et les films des années 1930, ce dernier ferait plutôt référence aux légendes d’Europe de l’Est…À quoi peut-on s’attendre ? Bruno : Le folklore d’Europe de l’est est excessivement riche. Oui, on y trouve les classiques (vampires, loups-garous), mais toute une gamme de créatures cauchemardesques que je rêvais (ah ah) d’explorer. Par exemple cette légende comme quoi le monde est plat comme un disque, les deux côtés séparés par le fleuve Apa Sâmbetei. De l’autre côté habitent les Blajini, des espèces de monstres dont on sait bien peu. Je me suis basé sur ces récits pour Le jardin des rêves. C’est un pied dans l’horreur de Valacchia, et un pied dans les contes de fée, avec références à l’esthétique de Brian Froud, Guillermo Del Toro. Froggy : Comme je le disais dans la question précédente, le 8 février c’était le lancement de « Le jardin des rêves ». Comment c’est déroulé le lancement ? Comment sens-tu la chose envers ce roman ? Bruno : Fabuleux! Épique! Nous étions deux cent au Bar l’Alizée. Le lancement était l’introduction au Cabaret « Désir, érotisme et anarchie » du Bloc des auteurs-es anarchistes – une soirée de performances micro-ouvert où se sont succédées danse, lecture et humour. Trois amies ont fait la lecture d’un chapitre du Jardin des rêves, celui du Hall de miroirs. C’est difficile de traduire tout le plaisir de partager mon œuvre comme ça, après un an de travail à huis clos avec Sara mon éditrice (qui était là aussi!). Je tenais à remercier tous ceux-celles qui m’aident pendant tout ce temps. Et rencontrer mes lecteurs-trices donne un sens à tout cela… Froggy : Pour cet ouvrage, tu as sollicité le talent de Candace « Candylust » Barbieri. Personnellement, j’adore son travail. C’est ça quatrième collaboration pour un projet avec toi. Nous n’avons qu’à penser à Valacchia, Nécropolis et The Noxious and the Daemon Flower dont Candace en est la créatrice. Pourquoi avoir choisi cette photographe? Qu’est-ce qui t’attire tant dans son travail ? Bruno : Candylust est, à plusieurs égards, la photographe de la sous-culture gothique. Elle est mieux connue pour son travail pour le réseau social Vampirefreaks. Je me suis retrouvé dans son esthétique, sa démarche (avec des modèles alternatives, amateurs). Je rêvais qu’elle fasse mes couvertures, puis je me suis dit « pourquoi pas? ». Je l’ai contacté. Voilà quelques années plus tard, elle a fait mes quatre derniers livres, et pour Le jardin des rêves, a réalisé un shoot spécialement pour le projet, ce qui est toute une chance pour un auteur, et particulièrement rare dans le milieu du livre. Pour les curieux : vous saurez que la couverture de Valacchia est un auto-portrait! Froggy : Selon moi, tu es un auteur accompli. Tu as à ton actif divers écrits tels que : des nouvelles, divers articles (sur des sujets engagés), une étude, quatre romans, ainsi que plusieurs poésies. En plus de toutes ces publications, tu présentes à chaque année, une pièce de théâtre au « Festival international de théâtre anarchiste de Montréal ». Parmi tous ces projets, est-ce qu’il y a un genre d’écriture que tu affectionnes plus qu’une autre (romans, nouvelles, théâtre, etc.)? Et qu’est-ce qui fait que tu es aussi diversifié? Comment t’es venu cette diversification? Bruno : Ah, pas facile! Je préfère les romans, parce qu’ils me semblent comme la façon la plus accomplie de réaliser un projet littéraire, en profondeur, dans la portée de la trame narrative qu’on peut créer à plus de trente mille mots. Mais c’est long – pour un court roman comme Le jardin des rêves, c’est presque un an de ma vie. Necropolis, par exemple, m’a pris trois ans à écrire. C’est comme un marathon, se rendre à la fin peut être vraiment éprouvant, voire solipsiste. Froggy : Tu es un membre actif du Bloc des auteurs-es anarchiste. En quoi consiste exactement ce bloc? Le fait d’être membre de ce bloc, t’influence-t-il beaucoup dans tes écris. Et si oui, de quelle façon ? Bruno : C’est un collectif d’auteurs-es de fiction anarchiste, fondé en 2010. On était plusieurs auteurs-es à trouver que ça manquait un peu d’imaginaire dans le mouvement anarchiste au Québec et on voulait créer des espaces pour partager ça. Nous sommes une quinzaine basés à Montréal, avec des collaborateurs-trices à travers le monde. On organise des cabarets micro-ouverts fort populaires, des ateliers de réflexion, des zines, et Subversions : une série d’anthologies de nouvelles ancrées dans l’anarchisme, la liberté, la révolte, de toutes sortes de façon. Nos livres sont distribués un peu partout à travers le monde. Notre site Web : www.anarchistwritersbloc.org Froggy : On pourrait dire que tu es un écrivain plutôt dark, glauque, gothique… Tu as une écriture qui est propre à toi. Il est clair que tu aimes marier les différents genres littéraires dans tes écris tels que l’humour, la dystopie, les événements post-apocalyptiques, l’érotisme, etc… Comment t’es venu l’idée d’aller vers des écrits plus sombre. Et quelles sont les auteurs qui t’ont influencé vers ce choix d’écriture ? Bruno : J’ai toujours été attiré par l’interdit, les mystères, et, parce qu’elles recèlent les espaces inconnus, les ombres. Mon amour de tout ce qui est sombre et ténébreux est autant philosophique qu’esthétique : il y a quelque chose d’enivrant, de confortant dans l’obscurité et en même temps, c’est là où se réfugie ce qu’on ne peut percevoir au premier regard, ou ce qui a été rejeté par les « normes » – bref, ce qu’il y a d’intéressant dans la vie, cette profondeur radicalement honnête. Froggy : Comment t’es venu la passion pour l’écriture… Est-ce avant l’écriture des poèmes dès l’âge de 12 ans ou antérieurement à cet âge? Bruno : Grande surprise, comme n’importe quel adolescent… j’étais pas mal tourmenté. Pas trop, mais juste assez pour que la poésie se présente comme façon d’exprimer ce trop-plein d’émotions, autant dans mon émerveillement de la nature que dans ma critique de la société autoritaire. Et c’est, en fait, à force d’écrire recueil par-dessus recueil de poésie que j’ai développé le goût pour les romans. J’ai tenté un premier projet, La dernière chandelle, à l’âge de 18 ans. C’était vraiment, mais vraiment mauvais. Froggy : As-tu des projets futurs que tu peux nous dévoiler minimalement ? Bruno : Oui! Je suis en train de terminer la suite du Jardin des rêves, mon troisième roman érotique. Le nom du projet est Le cirque diabolique, et il s’agit d’un retour dans les Carpates et le monde des vampires. Je ne peux pas en dire très long, mais je peux vous annoncer qu’Ophélie est le personnage principal, et que ce projet constitue une évolution dans mon style d’écriture. Ce sera, je crois bien, mon meilleur roman érotique! Froggy : En un mot, comment te décrirais-tu ? Et pourquoi ? Bruno : Cynique! Parce qu’on me dit toujours que j’ai un sens de l’humour très noir, parce que je saute les plombs de façon quotidienne contre les conservateurs, mais aussi à cause des Cyniques, ces philosophes antiques dont Diogène, que j’adore. Froggy : Pour terminer, voici une dernière question, juste pour se faire plaisir !! Si tu étais un animal, lequel serais-tu et pourquoi? Bruno : Un corbeau. Suffit de les voir voler au-dessus des forêts du nord, avec leur cri roulant sur toute la contrée, qui ne voudrait pas être à leur côté? Les chasseurs s’en méfient parce que si les corbeaux les voient, ils vont avertir les autres animaux du danger. Je ne sais pas, j’ai toujours été fasciné par ces grands oiseaux, si intelligents, si beaux. Pendant longtemps mon nom de plume était Raven - il se trouve encore des gens qui m’appellent comme ça. Oh, et je n’arrive pas à m’habiller autrement qu’en noir, c’est devenu un running gag, va savoir, même l’été quand il fait 43 degrés, ce qui, dans le répertoire des mauvaises idées, est vraiment au top. Merci beaucoup Bruno d’avoir joué le jeu avec moi et les internautes !! Je te souhaite encore tout plein de succès…. Car tu as une écriture magnifique qui m’hérite d’être découverte. Peut importe l’endroit où tu passes, tu ne peux laisser les gens indifférents… ne serait-ce qu’avec ton charisme et ton engagement et tes convictions. Merci à toi Tania… et longue vie à Frogzine!
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