Kisasi

L'avis de Froggy

Je redoute toujours les lectures de romans qui sont inspirés de près ou de loin par des histoires véridiques, surtout lorsque l’histoire touche les peuples africains ou ceux de l’Amérique latine. Ces peuples ont beaucoup trop souffert… et souffrent encore aujourd’hui énormément principalement à cause de la pauvreté de ces régions. Kisasi vient directement nous sortir les tripes ! L’histoire peut sembler banale pour certains, mais personne ne devrait subir ce que ces peuples vivent… La misère à l’état brut !!!

Kisasi nous plonge en plein cœur de la République démocratique du Congo… La GUERRE ! Voilà ce qu’on retrouve dans cette partie de l’Afrique. Mais l’histoire va au-delà de la guerre. Elle nous transporte dans les dessous de celle-ci. Elle dénonce ce que les femmes et les enfants de la guerre subissent dans le silence. Elle fait exploser les barrières honteuses que ces drames construisent autour de chaque victime de violences sexuelles.
 
Charles, médecin français, dirige un dispensaire en pleine brousse et essaie d’aider du mieux qu’il peut les victimes. Ce dernier doit faire avec le peu de moyens qu’il a puisque les convois de matériels médicaux sont souvent détournés par les guerriers et les pillards. Aidé par son équipe de médecins et d'infirmiers, ils soignent et aident du mieux qu’ils peuvent les gens qui arrivent trop souvent à moitié morts. Un jour, la visite d’Aïssata, mganga ou sorcière chez le peuple africain, fera changer les choses. Elle souhaite aider à sa façon les femmes victimes des sévices que les guerriers leur font subir en leur rendant justice en exterminant ces derniers. Recherché par les guerriers, Aïssata met les gens du dispensaire en danger. À la suite de son implication dans la disparition de guerriers venus au dispensaire, une bousculade d’événements s’en suit.
 
Aurore Perrault a su nous transporter dans ce roman addictif au centre d’une histoire des plus difficiles à lire puisque la violence qui y règne est brutale et sans équivoque. On a l’impression de vivre ou de revivre certaines scènes avec les victimes. Une telle froideur y ressort, tout en ayant un côté très humain provenant de la part des gens du dispensaire. Et cette humanité fait tellement de bien… Encore aujourd’hui le monde se déchire pour des raisons politiques, ethniques, sociales ou autres. En fait, toutes les raisons pour ces peuples sont bonnes pour faire la guerre et tuer ses semblables. Et je trouve ça triste et tellement honteux !!! La plume de l’auteure est juste poignante et vient nous saisir en plein cœur. On ne peut rester indifférents à son récit.
 
Kisasi est de ces romans qui doivent impérativement être lus afin de dénoncer une situation beaucoup trop commune encore de nos jours. Certains diront que j’ai un discours de combattante. Et j’en suis fière. Ayant fait partie d’«Amnistie internationale » durant mon adolescence, je suis pour la paix dans le monde encore aujourd’hui et je défendrai toute ma vie le droit à vivre dans un monde en paix, sans torture, sans violence et où les gens se respectent, peu importe leurs différences. Même si la couverture représente bien l’histoire, je la trouve peu attirante et certains pourraient mettre cette lecture de côté à cause de cette dernière. Mais allez au-delà de cette différence, vous ne le regretterez pas !

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Extrait :
« Ce matin encore, la salle d'attente est bondée; au moins trente personnes s'entassent là, dans les relents de sueur et d'urine. Des mouches tournoient au-dessus des têtes, guettant les peaux dévêtues pour en goûter le sel. Je fais signe à Francesca, l'infirmière qui s'occupe du triage, et rejoins mon bureau. Le ballet commence : paludisme, rougeole, choléra, de nouveau la rougeole. Mes derniers vaccins sont partis il y a déjà plusieurs jours et les cas se multiplient, je crains une épidémie. Le regard insistant de la mère du garçon que j'examine me rappelle à la réalité : il ne faut pas que j'affiche un air trop soucieux, bien que l'état du petit soit préoccupant.

«C'est la rougeole. Ne vous inquiétez pas, je vais lui donner du paracétamol pour le soulager. Vous avez d'autres enfants? »

Elle hoche la tête, sa lèvre inférieure tremble un peu.

«C'est important d'isoler votre fils malade jusqu'à ce que la fièvre disparaisse. Si jamais les symptômes apparaissent chez vos autres enfants, il faudra me les amener au plus vite. Vous avez compris?»

Elle opine derechef. Je tente un sourire rassurant. »

Mon appréciation

Mes challenges