Le garage (intégrale)

L'avis de Froggy

17 juin 1988. Un fourgon qui transporte des fonds. Trois employés sur le qui-vive. Une scène de crime sanglante. Une balle de calibre 7.65. Un jeune de 17 ans atteint par balle à la tête. Et Max Lostut. Voilà ce qui attendait Gabriel Orvitz, ce jeune homme de 17 ans défiguré à jamais par cet homme de 44 ans, Max Lostut.

Que feriez-vous si un jour, on intentait un procès contre vous parce que vous vous êtes retrouvé au mauvais moment, au mauvais endroit ? Et que celui qui vous accuse d’avoir braqué le convoie est celui qui vous a tiré une balle en pleine tête. Et que cettedite balle a éclaté un de vos globes oculaires, tout en laissant des traces au niveau de la pommette gauche ainsi que sur l’arcade sourcilière et l’arête nasale ? Je suis certaine que la rage et la colère seraient omni présente ensuite… Et ce, même si le juge vous a reconnu non coupable de ce braquage, en déclarant que vous étiez juste au mauvais endroit, au mauvais moment.
 
25 ans plus tard, un incident viendra basculer à nouveau la vie de notre jeune quarantenaire. Alors qu’il est au restaurant en train de faire la GRANDE DEMANDE, il voit un homme se faire tabasser à l’extérieur. Sans hésitation, il sort du resto et décide de suivre cette Mercedes qui vient de prendre la fuite… Une voix lui dicte de suivre le fuyard. Mais il finira par reconnaître ce visage…
 
Gabriel Orvitz met enfin son plan machiavélique en place en se faisant passer pour un comédien du nom d’Alexandre Derochas. Il a de très bonnes raisons d’en vouloir à Max Lostut, ce vieux pervers. Lorsque ce dernier est dans les parages, il n’y a rien de bon qui en ressort. Propriétaire d’un garage, ce sexagénaire œuvre dans l’illégalité à bien des niveaux, mais il se rendra compte rapidement qu’une colère alimentée depuis plus de 25 ans peut causer bien des dommages…
 
L’auteur Stéphane Gendron nous transporte avec sa plume addictive dans un suspense haletant. Difficile de ne pas accrocher à l’histoire, car dès le début, nous sommes dans l’action. On nous plonge 25 ans avant le moment présent. Au moment où la vie de Gabriel bascula à jamais. Les personnages sont forts et bien ancrés dans l’histoire. Même s’il nous propose deux protagonistes plutôt méchants et machiavéliques, on arrive à croire que l’un d’eux représente le bien. Simplement parce que ce dernier est une victime à la base. Gendron a créé deux hommes torturés à leur manière. Et ces derniers sont diamétralement à l’opposé l’une de l’autre. L’un est nourri par la haine et l’autre par un surplus de confiance et le désir de détenir LE pouvoir. Même si Gabriel et Max volent la vedette du roman, il ne faut surtout pas oublier les personnages secondaires qui sont malgré tout importants, soit George, l’apprenti garagiste et Martine, la femme de Lostut.
 
À la base, ce court roman était sous forme d’épisodes d’une vingtaine de pages. Même si ces dernières ont été ramenées sous forme de roman, je dois dire que le rythme a été conservé à merveille. Rapide, addictif, percutant par moment, nous sommes lancés dans une aventure remplie de rebondissements et de surprises. Les fans du genre sauront certainement apprécier ce dernier… Et même les lecteurs moins friands des romans à suspense ou thriller. Chose certaine, il vous gardera en haleine !!! Un grand merci à Livraddict et les Éditions StoryLab pour ce bon moment livresque...

Extrait :
« […]En face, le type vient enfin de lâcher sa proie. Il contourne sa Mercedes et remonte à bord. Gabriel tente de traverser l’avenue pour le rejoindre mais la circulation l’en empêche. Pourquoi insiste-t-il autant ?
Isabelle frappe à la baie vitrée :
 – Gabriel ! Laisse tomber ! Reviens !
 
Les voisins de table la regardent. Peut-être a-t-elle crié trop fort. Non, elle n’a pas crié trop fort. Elle vient de hurler. Comme si un signal rouge « danger » venait de s’allumer, quelque part dans son crâne.        
 
Le vieux fait rugir son moteur. Pendant quelques secondes, il semble même prendre un malin plaisir à faire patiner ses pneus sur la chaussée pour envoyer de la fumée de gomme en direction du blessé qui ne réagit plus. Puis la voiture s’élance. Alors Gabriel se précipite vers sa moto qu’il a garée à une cinquantaine de mètres de là en arrivant.
        
– Gabriel…?
 
Isabelle pose sa main sur la baie vitrée. Sonnée. Elle voit la moto descendre du trottoir. En quelques secondes, Gabriel disparaît à la suite de la Mercedes. Les yeux d’Isabelle papillonnent. Elle considère l’homme couché au milieu de l’avenue. Puis, hébétée, elle regarde la boîte noire dans son assiette. Le violoniste. Les gens autour d’elle. Cette immobilité générale qui s’est emparée du restaurant.
 
Gabriel rabaisse la visière de son casque, pousse les rapports, fait craquer l’embrayage, mais il rattrape rapidement la Mercedes qui vient de s’engager à vive allure sur le pont qui franchit le fleuve. Son cerveau est vide. Rien. Pas une pensée. Que des gestes automatiques. Et juste cet ordre : « Suivre ! ».        
 
Derrière son volant, Max Lostut calme sa respiration par longs soupirs. Au bout d’un moment, il arrive à en sourire. Puis il jette un œil à sa main droite. Elle est couverte de plaies, par endroits la peau est carrément retroussée sur la phalange. Il tend ses doigts plusieurs fois pour vérifier qu’il ne s’est rien cassé. Non, rien. Ses poings, c’est du solide. N’empêche. N’empêche, à cet instant, Max Lostut songe qu’à son âge, il devrait arrêter ces conneries. Il lui reste encore pas mal de choses à faire avant de changer de monde. À aucun moment il ne prend la peine de jeter un œil dans son rétroviseur.        
 
Pourquoi le ferait-il ?        
 
Il est tellement sûr de lui, Max Lostut. »

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