Les chiens entre eux

L'avis de Froggy

Un gros coup de cœur, voilà ce qu'est ce roman pour moi!!! J'ai adoré plongé dans cet univers peu rencontré en littérature (par moi en tout cas!). Nous nous retrouvons directement dans l'univers des Mexicains et de ses cartels de la drogue. L'ambiance est riche et très troublante par moment. Un très bon thriller pour les adolescents et les plus grands. Je dois admettre que j'adore quand les auteurs nous amènent avec eux dans des endroits peu exploités en littérature. Et pour mon grand bonheur, les sujets traités sont souvent tabous dans notre société.

On fait la connaissance de Ludovic, un adolescent ayant reçu une bourse afin de réaliser un projet d'études linguistiques. Étant doué dans les langues, dont l'espagnol, Ludovic décide de faire son travail sur les différents dialectes espagnols qu'il rencontrera durant son séjour au Mexique ainsi que sur les mœurs et coutumes régionales. Comme son oncle maternel vit là-bas, il pourra profiter des connaissances de ce dernier. Disons que leur relation n'est pas très facile et pour améliorer le tout, son oncle doit travailler durant son séjour, il se retrouve donc seul à l’hôtel. Par pur hasard, il croise à nouveau la jeune fille de l'aéroport dont il est tombé amoureux à la suite d'un face à face. À partir de ce moment, les choses se corseront et les ennuis commenceront.

Lors d'un rendez-vous, Ludovic et Arantxa, se feront kidnappés afin de faire pression sur le chef du cartel de drogue pour qu'il abandonne ses intentions de prendre contrôle d'un territoire voisin sur le trafic de drogue. Mêlé à cette histoire involontairement, Ludovic fera tout pour retrouver et libérer Arantxa. Mais à qui faire confiance quand nous savons que la police est souvent corrompue. On sent rapidement une force inébranlable chez cet adolescent. Intelligent, il mettra sa mémoire à l'épreuve afin de retrouver l'emplacement exact de la cabane où il se trouvait lors de son kidnapping, et ce, même si ce dernier n'a rien vu. Il défiera son oncle et sa mère afin de retrouver l'élue de son cœur. Mais il devra faire attention, car  il sera difficile de faire confiance aux gens dans ce Mexique pauvre et où le cartel est protégé par la communauté afin de survivre... Ici, c'est la loi du plus fort ou du plus riche!

Dès le départ, on ressent l'amour que l'auteur porte pour le Mexique. Après quelques recherches, j'ai découvert que Camille Bouchard est un grand voyageur. Voilà pourquoi l'on ressent aussi bien le pouls des personnages et qu'il décrit aussi facilement cet univers tabou et dur. Il joue avec ses lecteurs afin de les faire voyager à travers les émotions... Nous sommes angoissés, stressés, subjugués par ses paroles. Personnellement, je fus sous le charme dès le départ. Les personnages sont plus qu'attachants (même les mauvais) et très différents les uns des autres. J'avais juste l'impression d'être avec notre héroïne durant ma lecture. J'étais au MEXIQUE!!! Sa plume est fluide et se lis rapidement étant donné le format poche et une écriture plutôt large pour le format du roman... L'intrigue est bien menée même si par moment, il arrive à nous surprendre. On nous torture psychologiquement dans le roman "Les chiens entre eux", mais ça permet de donner un rythme au roman et de nous garder en haleine.

C'est avec tristesse que j'ai refermé cette lecture... J'aurais bien aimé poursuivre cette aventure auprès de Ludovic et d'Arantxa. Mais leurs univers sont tellement différents l'un de l'autre, qu'il est difficile de penser à un avenir commun. « Les chiens entre eux », c'est un kidnapping, de la torture physique et psychologique, un univers sombre dans le monde de la drogue et des cartels, mais c'est également de l'amour, l'espoir, l'envie de vivre et une aventure des plus magnifiques. Vous comprendrez que je ne peux que vous recommander cette lecture. Un grand merci aux Éditions Québec-Amérique pour ce moment d'évasion livresque!

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Extrait : 
« — Tout à l’heure, les hommes de l’assistance rendront hommage à la Santa Muerte. Ils vont l’implorer avec des lampions blancs afin de solliciter sa protection, ou avec des bougies aux teintes dorées pour espérer un meilleur succès dans leurs affaires. S’ils désirent que la relique leur accorde une aide complète, voire qu’elle les débar­rasse de leurs ennemis, ils utiliseront plutôt des lampions noirs.
— Ce… c’est un culte satanique ? que je demande un peu naïvement. Ce n’est pas une vraie sainte, en tout cas.
— Pas aux yeux de l’Église catho­lique, non. Mais ce n’est pas une véné­ration de Satan non plus. Au contraire, certains adeptes lui attribuent de nombreux miracles de même que beaucoup de prières exaucées. Papa, lui, est très pratiquant.
Nous croisons une grande pierre faisant face à l’océan. Nous nous y assoyons. À mon étonnement, Arantxa tire une cigarette du sac à sa ceinture. Elle me la présente. Je décline :
— Merci, je ne fume pas.
— C’est la plantita, la « petite plante ».
— La quoi ?
— De la marijuana.
Arantxa m’offre de la marijuana !
— Je ne me pro­cure que de la première qualité, réplique Arantxa sans même paraître ironique. J’ai le meilleur fournisseur du Mexique.
Elle me regarde à travers la fumée qu’elle vient de rejeter. Elle semble hésiter avant de préciser :
— C’est mon père.
— H… hein ? Ton père te fournit la marijuana ?
Elle marque un silence et la ques­tion qu’elle pose en retour de la mienne ne manque pas de m’étonner :
— Tu m’aimes, Ludovic ? Je veux dire, tu m’aimes… bien ? »

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